Alors que le 4ème Plan Santé au travail pour la période 2021-2025 affirme le rôle de prévention au travail des organismes complémentaires, la Fédération nationale de la Mutualité française, qui regroupe la majorité des mutuelles de santé existant en France, vient de consacrer la 6ème édition de son Observatoire à la santé au travail.
A cette occasion, des chiffres clés sur la problématique santé au travail ont été présentés. On note que, chaque année, plus de 200 000 travailleurs décèdent de maladies professionnelles au sein de l’Union européenne. La France se place dans le haut du classement avec 3,5 accidents mortels pour 100 000 personnes en emploi, soit un niveau deux fois plus élevé que la moyenne européenne. Concernant les sinistres (accidents du travail, accidents de trajet et maladies professionnelles), 1,1 million ont été déclarés en un an dans le secteur privé, dont 804 100 avec arrêt. Plus précisément sur les troubles musculosquelettiques (TMS), 44 492 cas ont été reconnus en 2019 en France et représentent 88 % des maladies professionnelles. Le secteur le plus accidentogène reste celui de la construction avec 53,4 accidents du travail avec arrêt pour 1 000 salariés, alors que la moyenne nationale est de 33,5.
Une densité hétérogène de l’offre en santé au travail est également à souligner en France. A titre d’exemple, Paris dispose de 20,4 médecins du travail pour 100 000 habitants alors que le Cantal en recense seulement 2,8. Un autre signe inquiétant est l’âge moyen des médecins du travail qui est aujourd’hui de 54,6 ans. Par ailleurs, on constate aussi une dégradation générale de la situation puisqu’en 2005, 70 % des salariés répondaient avoir eu une visite médicale en santé au travail depuis moins d’un an, ils sont à présent plus que 39 %.
L’Observatoire établit un diagnostic des évolutions récentes en matière de santé au travail. Parmi les constats qui ressortent :
- la nécessité d’améliorer les conditions de travail et de développer les actions de prévention ;
- l’insuffisance de l’offre en santé au travail et les inégalités territoriales d’accès aux soins ;
- la nécessité de mieux prendre en compte les conditions différenciées d’exposition aux risques professionnels : différences hommes/femmes, selon les secteurs d’activité, selon l’âge.
Pour les femmes, les secteurs d’activité les plus accidentogènes sont les activités de services (santé, nettoyage, travail temporaire) et les services, commerces et industries de l’alimentation. Du côté des hommes, les accidents se produisent davantage dans les secteurs du BTP, de l’industrie, du transport, de l’eau, du gaz, de l’électricité et des activités de services.
L’Observatoire présente, dans un second temps, les résultats d’une enquête sur les représentations des Français envers leur système de santé et leurs préoccupations quotidiennes sur le sujet. Les Français remettent le système de santé en question. Seul un Français sur deux a une perception positive du fonctionnement du système de santé. Globalement, ils se disent en bonne santé (83 %) mais une part non négligeable (39 %) estime que le travail a un effet de dégradation sur la santé. Les entreprises sont attendues en matière de prise en compte des enjeux de santé. En effet, pour les trois quarts des Français, il est primordial que les entreprises déploient des actions d’information sur les souffrances professionnelles.
Pour terminer, la Mutualité Française rappelle que l’information sur la santé au travail ne se limite pas aux entreprises et reste à construire pour les indépendants, bien que ces derniers s’estiment en meilleure condition physique que la population salariée (87 % contre 82 %).