Commandée par le Premier Ministre, la mission Bellon – Mériaux – Soussan avait pour objectif de dresser un constat et proposer des solutions concernant l’emploi des séniors.
Le rapport final met en avant la nécessité d’axer le plan d’action sur la prévention des risques et sur l’adaptation des postes de travail.
En pleine réforme des retraites et retour du débat sur la pénibilité, cette mission prend tout son sens.
1- Où en est la France en matière d’emploi des séniors ?
La France est plutôt mal placée au niveau européen en matière d’emploi des séniors.
Malgré le fait que le taux d’activité de ces derniers augmente régulièrement ces quinze dernières années, il reste encore très faible : 52,1% pour les 55 – 64 ans, contre 58,7% dans les autres pays de la Communauté Européenne, et 31% pour le 60 – 64 ans contre 44,4 % dans les autres pays européens.
Les 5 axes de travails et les 38 propositions du rapport Bellon-Mériaux-Soussan ont pour vocation à améliorer ces chiffres et à permettre aux séniors de se maintenir dans l’emploi, en bonne santé, jusqu’à l’âge de la retraite.
2- Axe 1, mettre les enjeux du vieillissement au centre des politiques de prévention et de santé au travail
Au-delà de la mise en place des politiques de prévention des risques professionnels au sein des entreprises, c’est une organisation beaucoup plus globale à mettre en place, en insistant sur la synergie entre le médecin du travail, le médecin traitant et l’entreprise. Cela permettrait à l’ensemble des parties prenantes de se concerter, de détecter et de traiter le plus amont possible les signaux faibles indiquant une perte de capacités, tant physiques que psychologiques.
Il est important d’autre part de mobiliser davantage de moyens financiers pour la prévention, et plus particulièrement les problématiques liées au vieillissement. Une des solutions notamment serait, selon le rapport, de stimuler le Crédit Impôt Rechercher (CIR) afin d’encourager les entreprises à mettre en œuvre des programmes de prévention axés sur les problématiques liées au vieillissement.
3- Axe 4, favoriser des transitions plus progressives entre « pleine activité » et « pleine retraite »
Outre la réflexion sur les politiques de prévention des risques professionnels, avec en ligne de mire la pénibilité et le vieillissement, il s’agit aussi d’apporter des solutions pour les populations existantes, qui vivent aujourd’hui ces problématiques
Se pose donc la question de l’aménagement des postes de travail et de la réflexion plus large sur l’organisation du travail. De plus, un autre facteur peut venir se rajouter aux difficultés propres du salarié, c’est la réticence de l’employeur à maintenir dans l’emploi un salarié qui certes a de l’expérience et potentiellement des responsabilités, mais engendre aussi à fortiori des charges salariales.
Il s’agit donc d’amener une réflexion sur l’aménagement de cette dernière période de vie professionnelle, qui satisfasse à la fois à la protection des salariés, et aux contraintes des employeurs.
Des exemples d’autres pays montrent que ces aménagements sont possibles : la Finlande par exemple, a mis en place des accords collectifs permettant de maintenir dans l’emploi des travailleurs, en travaillant sur l’amélioration des conditions de travail ; des propositions sont faites aux salariés d’exercer leur métier avec des responsabilités moindres, et des rémunérations ajustées en conséquence. En France, certaines branches prévoient déjà cette possibilité d’ajustement.
Conclusion
Pour résumer, et étayer le débat actuel sur la réformes des retraites, ne pas tenir compte du taux d’absentéisme des séniors dans la réflexion de l’âge de départ universel à la retraite n’a aucun sens si plus de la moitié des 60-64 ans n’est plus en capacité de travailler.