L’Assurance Maladie a publié le 14 novembre 2016 un rapport inédit sur les lombalgies liées au travail. Ce rapport nous apprend que les lombalgies coûtent aujourd’hui environ un milliard d’euros, ce qui en fait un véritable enjeu de santé publique. Elles représentent à elles seules le même impact financier que les autres troubles musculo-squelettiques (TMS).
Alors que la tendance générale est à la baisse de la sinistralité, le rapport indique que les lombalgies déclarées dans le cadre des accidents du travail sont passées de 13 à 19% entre 2005 et 2015. En 2015, les lombalgies représentent donc près de 15% des accidents du travail et 7% du total des maladies professionnelles reconnues.
Pourquoi certains secteurs représentent-ils un sur-risque en matière de lombalgie alors que depuis 70 ans, la fréquence des accidents du travail n’a jamais été aussi peu élevée ?
Nicolas Delannoy, directeur de la Gestion des Risques Professionnels chez ATEQUACY, répond à cette interrogation.
Des politiques de sensibilisation centrées sur des secteurs reconnus comme accidentogènes
« Jusqu’à aujourd’hui, les politiques de sensibilisation et de prévention se sont essentiellement concentrées sur les secteurs les plus accidentogènes comme les entreprises de BTP. Cela explique les résultats actuels, qui sont très encourageants. Les grands acteurs du BTP se sont associés à cette politique et ont beaucoup communiqué sur les TMS : des politiques qui portent leurs fruits aujourd’hui. »
Il souligne la nécessité actuelle de conserver la même dynamique pour des secteurs moins identifiés comme accidentogènes tels que les secteurs de service à la personne.
Des résultats influencés par la démographie
Nicolas Delannoy pointe aussi la génération concernée par ce rapport de l’Assurance Maladie : celle du papy boom (la génération de ceux qui sont partis/partiront à la retraite entre 2006 et 2025). « Nous parlons de salariés vieillissants qui ont parfois évolué dans ce secteur depuis plus de 20 ans, parfois 40 ans. Il est donc normal qu’il y ait des problèmes récurrents qui apparaissent aujourd’hui. »
En 2015, les lombalgies induisent deux mois d’arrêt en moyenne pour les accidents du travail et un an d’arrêt en moyenne pour les maladies professionnelles. C’est la deuxième cause de visite chez le médecin traitant.
« La lombalgie est « le » nouveau TMS et il convient désormais d’accentuer la prévention de manière homogène auprès de tous les secteurs professionnels. Les innovations médicales et paramédicales susceptibles de prévenir les troubles musculosquelettiques doivent être, elles aussi, démocratisées et communiquées autant dans le tertiaire que dans le secondaire. » conclue le directeur de la gestion des risques professionnels d’Atequacy, Nicolas Delannoy.