Près de 4,3 millions de salariés travaillent aujourd’hui entre minuit et cinq heures du matin (soit plus de 16% de la population active). Ceci représente environ 1 million de personnes de plus par rapport à 1990.
Sur la base de ce constat factuel, l’agence de Santé publique France vient de publier un rapport d’étude. Celui-ci alerte l’opinion publique sur les risques et dangers de ce rythme de travail si particulier, et de ses nombreuses répercussions sur la santé.
La conclusion est sans appel: il apparaîtrait entre autres que le travail de nuit augmente les risques d’accidents de la route.
Le nombre de personnes travaillant régulièrement de nuit a doublé en plus de 25 ans
Les six auteurs de cette étude issus de l’Inserm, de Santé publique France et de l’université Claude-Bernard-de Lyon, soulignent donc que le nombre de salariés travaillant de nuit a augmenté de 1 million depuis 1990.
Si la réglementation considère aujourd’hui le travail de nuit comme un dispositif à utiliser en dernier recours, dans la réalité des faits cela est tout autre. Cette pratique semble même se vulgariser de plus en plus avec le temps dans de nombreuses organisations et entreprises. En effet, sur les 4,3 millions de personnes concernées, le nombre des personnes travaillant régulièrement de nuit a doublé. Il est ainsi passé de 800 000 à 1,9 million durant cette même période.
Troubles du sommeil et suivi médical individuel
Un fait plus qu’alarmant pour les chercheurs et auteurs. Ils considèrent que le développement du travail de nuit pourrait être une des principales causes racines « responsable des troubles du sommeil d’une très large partie de la population active ».
Ils recommandent donc « la mise en place d’une veille sanitaire pour les groupes homogènes d’exposition les plus importants », estimant que le suivi médical individuel des travailleurs de nuit, qui est déjà prévu par la réglementation, est à ce jour insuffisant.
Risque important de développement de maladies cardiovasculaires
Le travail de nuit modifie sensiblement et gravement l’équilibre de l’horloge biologique interne. Les troubles du sommeil occasionnés par cette exposition peuvent avoir, selon Santé publique France, «des conséquences néfastes voire irréversibles pour la santé. Il serait à l’origine d’un déficit immunitaire, mais aussi des risques d’accidents de la route ou encore de maladies cardiovasculaires, voire de cancers».
Les professionnels du secteur de la santé en ligne de mire
Sans surprise, les salariés du secteur tertiaire sont les plus exposés aux horaires de nuit habituels. En effet, leur nombre a triplé entre 1990 et 2013, atteignant 1,5 million de salariés. Les professions les plus touchées sont évidemment celles du secteur de la santé : infirmiers, aides-soignants, sont 274 500 à travailler la nuit. Viennent ensuite les transporteurs et livreurs (140 000), les agents de -sécurité, militaires, policiers et pompiers (212 762).