Le déconfinement qui s’opère depuis trois semaines marque le retour au bureau, total ou partiel, pour une partie des salariés français.
Après deux mois de télétravail complet, nombreuses sont les entreprises qui ont fait le choix de faire perdurer cette organisation jusqu’à la fin de l’été, voire jusqu’à la fin de l’année. Mais quels que soient ces choix d’organisation, le télétravail n’est clairement plus un sujet désormais traité à la marge et va probablement faire l’objet de concertation dans les entreprises.
Télétravail et crise sanitaire, quel bilan ?
Même si la reprise du chemin du bureau n’est encore que très partielle et que le télétravail reste la norme pour encore beaucoup de salariés français, les deux mois de confinement qui viennent de s’achever permettent de tirer un premier bilan de l’utilisation du télétravail comme moyen d’organisation.
La première constatation, qui s’est imposée à tous, est que le télétravail fonctionne, permet la continuité opérationnelle et peut être une vraie mesure de prévention.
Mais, et ce sera la seconde constatation, pas n’importe comment, et dans n’importe quelles conditions.
Si aujourd’hui les dernières études montrent que la grande majorité des salariés française souhaitent conserver le télétravail dans une part de leur organisation professionnelle, certains d’entre eux pointent aussi du doigt la nécessité de le cadrer, et de l’organiser. Car au-delà de la satisfaction réelle qu’apporte le télétravail dans notre capacité à être libre et autonome dans l’organisation de notre temps, à être beaucoup plus efficace et productif car libéré des contraintes dues à certaines organisation du travail (reportings excessifs, open space, réunions en trop grand nombre, …), le télétravail peut générer aussi ses propres déviances : difficultés à arrêter sa journée de travail, isolement social, douleurs et maux de dos dus à une mauvaise installation, …
Si ces aspects positifs et négatifs étaient connus des entreprises dans lesquelles le télétravail étaient mis en place, ou tout du moins évoqué, la plupart des entreprises françaises les ont découverts pendant la période de confinement. Le point central de la période est qu’elle aura permis de mettre enfin le télétravail au cœur de l’organisation du travail, d’ouvrir le débat et la réflexion à son sujet, de manière sérieuse et surtout pragmatique.
Télétravail, quelles perspectives ?
Au regard de ce que nous venons d’évoquer, il paraît difficile d’imaginer un retour au « monde d’avant » en matière d’organisation du travail ; le télétravail a fait ses preuves en matière de continuité opérationnelle, et ouvre la voie vers des perspectives et des opportunités d’organisation plus souples, plus agiles et plus performantes. Sans parler des bénéfices économiques (moins de frais de transport) et environnementaux.
Mais attention, le télétravail n’est pas non plus un remède miracle à tout problème ou dysfonctionnement dans l’entreprise.
Une entreprise avec des pratiques managériales et organisationnelles déviantes ou simplement très rigides étendra ses pratiques au télétravail ; un salarié en souffrance à son bureau parce qu’en difficultés relationnelles avec ses collègues, son manager, ou par rapport à sa mission, retrouvera peut-être un peu de souffle et de motivation grâce au télétravail, mais si les causes profondes de sa souffrance ne sont pas traitées, le télétravail ne fera que retarder les conséquences potentielles de cette souffrance.
Les étapes à respecter
Pour les organisations prêtes à poursuivre le télétravail, il sera nécessaire de l’aborder de manière objective et pragmatique. Cela passe par :
- Un dialogue social ouvert et honnête avec les partenaires sociaux
- Une remise en question objective et une prise de recul sur l’organisation du travail dans l’entreprise, ainsi que sur les pratiques managériales
- Une consultation des salariés
- Une réflexion approfondie sur les modalités de mise en place du télétravail.
Sur ce dernier point, et pas des moins importants, la réflexion doit porter tant sur l’environnement physique du télétravail, que sur l’organisation de celui-ci : mobilier, matériel informatique, combien de jours par semaine, …
Le télétravail est donc l’un des grands gagnants de cette période de confinement car des organisations réticentes ou indifférentes ont eu l’occasion de voir que cela fonctionnait.
Il y a donc une fenêtre d’opportunité qui s’ouvre pour enclencher une véritable réflexion incluant les salariés sur l’organisation du travail.