Les postures sédentaires sont de plus en plus répandues en entreprise. Un nouveau document de l’INRS accompagne les préventeurs pour identifier ces postures sédentaires, mieux connaître leurs effets sur la santé et surtout prévenir les risques professionnels associés.
L’INRS a publié un document sur les postures sédentaires au travail. Celui-ci est destiné à mieux faire connaître les risques liés à la sédentarité au travail.
L’institut revient sur le paradoxe de la posture assise. Celle-ci semble être une posture idéale par rapport à des tâches qui impliquent des contraintes physiques importantes. Or, à partir du moment où cette position assise est maintenue dans le temps et associée à une faible dépense énergétique, elle peut entraîner des conséquences négatives sur la santé. Qu’est-ce qu’une posture sédentaire ?
Une posture sédentaire se caractérise par une posture assise ou allongée maintenue dans le temps et associée à une très faible dépense énergétique, en situation d’éveil.
Sur le maintien dans le temps, il faut prendre en compte deux aspects :
- la durée cumulée journalière en postures sédentaires ;
- le caractère ininterrompu des périodes passées en postures sédentaires.
C’est ce maintien dans le temps qui est problématique et sur lequel il faut jouer en prévention.
La notion de faible dépense énergétique dépend de l’activité. La valeur de référence est 1,5METs, c’est-à-dire 1,5 fois la valeur de la dépense énergétique de repos.
Remarque : Pour évaluer les niveaux de dépenses énergétiques, la notion d’équivalents énergétiques est généralement utilisée : METs pour Metabolic Equivalents of Task. |
En dessous de cette valeur, la dépense énergétique est considérée faible, c’est le cas pour un travail de bureau assis (environ 1,3 METs), alors que pour un poste assis mais avec une activité d’assemblage, la dépense monte à 2.5 METs. A l’extrême inverse, une manutention de charges lourdes entraîne une dépense énergétique de l’ordre de 8 METs.
Attention, il ne faut pas confondre posture sédentaire et inactivité physique. Cette dernière correspond à la non-atteinte des recommandations en matière d’activité physique qui sont, selon l’OMS 2h30 par semaine d’activité d’intensité modérée (dépense entre 3 et 6 METs) ou 1h15 par semaine d’activité d’intensité élevée (dépense> 6 METs) ou une combinaison.
Une personne peut pratiquer une activité physique suffisante tout en occupant des postures sédentaires au travail. Or, les bénéfices de la pratique d’une activité physique de loisir régulière ne suffisent pas à compenser les effets délétères liés aux postures sédentaires au travail…
Ces effets sont divers, la trop faible dépense énergétique peut contribuer à un excès de sucre et/ou de graisse dans le sang ce qui peut ensuite entraîner une obésité, un diabète de type 2 ou encore des maladies cardiovasculaires. De plus, les contraintes au niveau des disques intervertébraux et la réduction de l’activité musculaire dus au maintien de la posture assise peuvent favoriser la survenue de lombalgies.Comment prévenir ?
La tertiarisation de l’économie (76% des personnes en emploi travaillaient dans le secteur tertiaire en 2018) et la numérisation ont accru le nombre de travailleurs exposés aux postures sédentaires et la durée d’exposition.
Si la vie privée n’est pas exempte de sédentarité, pour les adultes, des études montrent que la sphère professionnelle est le principal vecteur de postures sédentaires. Par exemple, pour les personnes exerçant leur métier majoritairement en posture assise, le temps total passé en posture assise a été évalué à 9h46, dont 6h13 pour le travail (64%).
Les postures sédentaires constituent bien un enjeu de santé au travail qu’il convient d’évaluer et de prévenir.
Pour l’évaluation (qui doit être consignée dans le DUERP), une première approche peut consister à observer l’activité et questionner les salariés. Dans un second temps, si besoin, des capteur autonomes peuvent être utilisés.
Au niveau de la prévention, il faut :
- rompre régulièrement le maintien des postures sédentaires, idéalement toutes les 30 minutes ;
- limiter au maximum la durée totale des postures sédentaires, idéalement à 5 heures par jour.
Comme pour toute démarche de prévention, il convient de mettre en place une démarche collective qui permette d’agir sur les conditions du travail, et surtout sur l’organisation du travail lui-même.
L’INRS cite différents types d’actions concrètes :
- organiser l’activité pour inciter les salariés à alterner les tâches réalisées en postures sédentaires et celles qui permettent de se lever ou de se déplacer. De plus, concrètement les réunions rapides peuvent se tenir debout et les réunions longues peuvent être rythmées par des stations debout régulières.
- laisser aux salariés la possibilité de prendre des pauses actives et régulières (en cas de travail sur écran, il est recommandé de faire une pause de 5minutes toutes les heures ou de 15minutes toutes les deux heures) ;
Sur l’environnement de travail, les services généraux ou directions de l’environnement de travail (DET) peuvent être sollicités pour :
- ménager les espaces de travail pour inciter les salariés à se déplacer régulièrement (ex. : espaces conçus pour se réunir à 2-3 à part, espaces imprimantes à l’écart, espaces de convivialité qui permettent la posture debout) ;
- mettre en place un aménagement physique du poste de travail qui permet une alternance des postures assise et debout (ex. : bureaux à hauteur variable ; aménagement dynamique du poste avec des ergocycles, tapis de marche, siège ballon, etc.)
Enfin, de façon évidente, sur ce risque encore méconnu, des actions de sensibilisation, d’information et de formation sont à mettre en œuvre auprès des travailleurs.
Clémence Andrieu
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