Dans un contexte socio-économique tendu lié à la réforme des retraites et plus généralement à la pénibilité et aux conditions de travail, ainsi qu’aux différents projets liés à la loi travail et au rapport Lecoq, la dernière étude sur l’absentéisme en 2019, menée par Malakoff Médéric Humanis apporte un éclairage intéressant. Elle pose la question du rapport des salariés au travail, à leur travail, et montre que définitivement, le monde de l’entreprise bouge, mute, et que tout l’enjeu pour les dirigeants sera de prendre en compte et d’absorber ces mutations.
1- Retour sur les chiffres
De manière globale, 44% des salariés se sont vus prescrire un arrêt maladie en 2019, dont 49% des 18-34 ans. Ce chiffre reste stable, bien qu’élevé.
36% d’entre eux avaient déjà été arrêtés l’année précédente, dont 8% ayant eu plus de 3 arrêts.
28% des arrêts maladie ne sont pas respectés ; ce phénomène de renoncement est en constante évolution, de même que le présentéisme, pour lequel 65% des salariés seraient concernés.
2- Focus sur les notions de renoncement aux arrêts maladie et de présentéisme
Toujours selon l’étude, 28% des arrêts maladie prescrits en 2019 n’ont pas été respectés ; ce chiffre est en hausse de 5 points par rapport à 2018, et de 9 points par rapport à 2016. Sur les 28% de ces arrêts maladie, 11% n’ont été pris que partiellement, et 18% n’ont pas été pris du tout !
Les raisons invoquées par les salariés sont « qu’il n’est pas dans leur habitude de se laisser aller », et la non prise en charge des journées non travaillées.
Cependant, 47% d’entre eux regrettent de ne pas avoir pris leur arrêt maladie dans leur intégralité. Ils sont aussi 63% à souhaiter pouvoir bénéficier du télétravail plutôt que d’un arrêt maladie, souhait partagé par 80% des managers.
Ces chiffres montrent un rapport au travail et à l’investissement plutôt ambivalent ; les salariés ne se disent pas enclins à prendre tout ou partie de leurs arrêts maladie, mais sont la moitié à le regretter.
Il est intéressant de mettre en parallèle de ce phénomène les chiffres liés au présentéisme : cela démontre l’idée très présente dans nos entreprises que plus un salarié est présent, et plus il est performant (cela inclut aussi les congés et RTT non pris, perçus comme étant un gage d’engagement de la part du salarié).
Mais malgré ces vieux concepts, encore difficiles à dépasser par l’inconscient collectif, le monde de l’entreprise évolue. Le lien entre Qualité de Vie au Travail et performance est enfin (même si c’est encore beaucoup en théorie) acceptée par les dirigeants, les managers, mais aussi par les salariés eux-mêmes.
La mise en application de cette notion concerne le Télétravail, solution majoritairement retenue pour répondre aux aspirations des salariés. S’il ne résout pas tout, il a toutefois l’avantage de responsabiliser les salariés, de remettre en question les vieux modes de management qui ne fonctionnent plus, et d’apporter un réel équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.
Pour conclure, l’étude de l’absentéisme dans l’entreprise est fondamentale pour la compréhension de ses évolutions. C’est un réel indicateur de performance globale, dont l’analyse juste et objective doit conduire à la mise en place de stratégie économique et sociale, humaine et responsable.